Comprendre

Noël en exil – Comprendre la crise syrienne (par Caritas International)

5 ans de conflit syrien

Ce qui avait démarré en mars 2011 comme une vague de protestation locale à l’encontre du régime de la famille Al-Assad s’est transformé en une guerre sanglante qui n’épargne personne. Les conséquences humaines et matérielles commencent à peser très lourd et aucune issue ne semble se profiler à l’horizon. Depuis le début de la guerre, on ne dénombre pas moins de 240.000 morts. Et la moitié de la population syrienne a fui. La moitié, c’est énorme ! Les besoins des civils sont en constante augmentation et une génération complète d’enfants grandit dans un contexte de violences inouïes.

Les origines du conflit

Dirigée depuis les années 60 par la famille al-Assad, la Syrie connaît en mars 2011, à l’instar de nombreux autres pays arabes, une vague de protestations à l’encontre des choix économiques et démocratiques des leaders, ainsi que du manque de changement de régime. C’est ce qu’on a appelé « le Printemps Arabe ». Mais les Assad refusent de quitter le pouvoir et donnent l’ordre à l’armée d’ouvrir le feu sur les manifestants, donnant ainsi le coup d’envoi de la guerre civile.

Afin de faire tomber le régime en place, les communautés locales créent peu à peu des milices qui s’unissent pour former finalement une véritable opposition : l’Armée Syrienne Libre. Cependant, n’ayant pas les moyens de s’armer efficacement contre l’armée du régime, l’Armée Syrienne Libre intègre peu à peu des combattants djihadistes (et leurs armes) dans leurs rangs. On qualifie de djihadiste tout groupe ou individu prônant la violence en se revendiquant de l’islam.

Cinq ans plus tard, l’opposition est totalement fragmentée : plus de 2.000 mouvements armés ont été recensés, construits sur des bases idéologiques, religieuses ou tribales. La force rebelle la plus importante, la plus connue et la mieux armée est le groupe État Islamique (Daesh). L’avancée rapide du groupe État Islamique dans de nombreuses parties de la Syrie et du nord de l’Irak a des conséquences désastreuses pour les civils.

12 millions de déplacés syriens

En quatre ans et demi de conflit, plus de 12 millions de Syriens ont dû quitter leur maison. 7,6 millions sont déplacés au sein de leur propre pays et 4,5 millions se sont réfugiés dans d’autres pays. Ce sont les pays limitrophes qui accueillent la majorité des syriens. En effet, depuis quelques années, les pays voisins les accueillent avec une générosité qui, vue d’Europe, dépasse l’entendement. Le Liban, la Turquie et la Jordanie sont les pays d’accueil les plus importants.

La Belgique, quant à elle, n’a recensé que 8233 demandes d’asile de réfugiés syriens entre le 1er janvier 2011 et le 30 septembre 2015 (Nombres de demandes d’asile enregistrées pour des syriens en Belgique : 555 en 2011, 793 en 2012, 877 en 2013, 1854 en 2014 et 4154 entre le 1er janvier 2015 et le 30 septembre 2015 (Source : CGRA))

La moitié de ces réfugiés sont des enfants. Ils ont fui à cause des bombardements, des persécutions, des violences sexuelles, des kidnappings et des exécutions arbitraires. Et ces chiffres continuent d’augmenter. La guerre dure… et les ressources financières et émotionnelles du pays commencent sérieusement à se tarir, rendant ainsi les Syriens de plus en plus vulnérables et contraints à prendre de plus en plus de risques.

Depuis des années, la communauté internationale apporte son soutien financier, mais les appels de fonds lancés par les Nations Unies sont largement sous-financés et la réponse aux besoins humanitaire reste insuffisante. De plus, les fonds sont répartis de façon inégale entre les pays d’accueil.

1,8 millions de Syriens réfugiés au Liban

Le Liban est le pays voisin de la Syrie le plus touché par le conflit. Depuis mars 2011, plus de 1,8 millions de Syriens ont fui vers le Liban. Aujourd’hui, près d’un habitant sur 4 au Liban est un réfugié. Si cette situation était représentée à l’échelle de la Belgique, cela représenterait une arrivée en masse de 4 millions de réfugiés à l’intérieur de nos frontières.

Qui sont ces réfugiés?

Les premiers à avoir quitté la Syrie fuyaient surtout le régime en place (pou avoir pris part – ou non – à des manifestations politiques). Les suivants, plus pauvres, ont fui avec moins de réserves financières, et ont rencontré plus de difficultés à se construire une vie digne dans leur pays d’accueil.

Comment sortir de cette crise ?

Il est difficile d’évaluer comment le conflit va évoluer, encore moins de savoir quand et comment il se terminera.

Le Conseil de sécurité de l’ONU reste très partagé à propos de la guerre en Syrie. La Chine et la Russie continuent de soutenir le régime d’al-Assad, alors que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France soutiennent des groupes d’opposition rassemblés autour de la Coalition Nationale Syrienne. Ni le régime, ni la coalition ne semble prêt à faire de concessions, de compromis ou quelque négociation.

Pour mettre fin à la crise, la recherche d’une solution politique et diplomatique au conflit syrien est la seule voie. Le premier choix des familles réfugiées, en Turquie comme au Liban ou en Jordanie, reste encore de pouvoir un jour rentrer chez soi pour y mener une vie en sécurité. Et y rescolariser leurs enfants.

Caritas au Liban

Caritas est présent au Liban au travers de deux projets :

« Caritas Lebanon Migrants Center »

Avec une équipe de 308 professionnels, le Centre pour Migrants de Caritas Liban a été créé en 1994 pour répondre aux besoins croissants des travailleurs migrants et réfugiés au Liban. Caritas Liban a été la première ONG à accueillir les réfugiés au nord du Liban au début de la crise syrienne. Il poursuit les objectifs suivants:

  • Améliorer les conditions de vie et de travail des migrants,
  • Réduire la marginalisation et l’exclusion des migrants,
  • Défendre les intérêts et droits des migrants au niveau local, national et régional,
  • Éveiller les consciences au sein du public libanais sur la situation des migrants et des réfugiés.

« Jesuit Refugee Service »

Le JRS a démarré ses activités au Liban en 2002 pour répondre aux besoins croissants des réfugiés syriens dans le pays. Il offre non seulement un appui scolaire aux enfants syriens mais répond aussi aux besoins de base des réfugiés notamment au niveau alimentaire.

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