Le conte

Un jour, le Chien dit au Chat :

« – Je voudrais bien ne plus me disputer avec toi.

– C’est impossible, dit le Chat.

– Et pourquoi ?, demanda le Chien.

– Parce que nous avons été faits comme cela.  Les chats et les chiens ne s’entendent pas, un point c’est tout !  D’ailleurs, ne dit-on pas « s’entendre comme chien et chat ? » pour décrire des gens qui se disputent sans arrêt ?

– Et bien nous pourrions peut-être changer cela, dit le Chien.

– Compère Chien, tu es un naïf…

– Si on jouait quand même ?, dit le Chien. »

Et ils jouèrent à la figue, à la croque-tête, à l’alouette, à la chiquenaude, au renard, au chêne fourchu et à la mouche…  Vous ne connaissez pas ces jeux ?  C’est normal, ils ne sont connus que des chiens et des chats !

Bientôt, ils sont fourbus.  Le chien s’endort et le chat s’en va, mais pour une fois, il est distrait et il pénètre dans une impasse qui est le territoire d’un énorme chien.  Bientôt, notre chat est acculé dans un coin de l’impasse sans aucune possibilité de grimper.  Notre chien se réveille en sursaut, comprend, et sans hésiter, se lance dans la bagarre et permet ainsi au chat de se sauver.  Seulement notre chien, lui, est plein de plaies et de bosses…

– Merci, dit le Chat.  Je n’oublierai pas ce que tu as fait pour moi.

– Alors…, on ne se dispute plus ?

– Si !  On se dispute encore.  Tu m’as rendu service, c’est vrai, mais moi je n’ai encore rien fait pour toi.  Donc, on se dispute encore…

– Ah, tu es bien compliqué, dit le Chien. Enfin…

– Pourtant, il y a une chose que j’aimerais te demander, dit le Chat.

– Je t’écoute, dit le Chien.

– J’observe beaucoup ceux qui m’entourent.  Souvent, les enfants sont souriants, beaucoup de papas et de mamans sourient eux aussi quand ils voient leurs enfants, mais à part cela, il y a tant d’hommes et de femmes qui ont l’air si tristes…  Parfois même des enfants…

– Oui, je sais, dit le Chien.  Je vais t’expliquer ce que je sais.  Pour cela, il faut d’abord trouver une heure qui ne soit ni le jour, ni la nuit.  Viens avec moi, je vais te montrer les hommes comme tu ne les as jamais vus…

– Mais…  Qu’est-ce qui nous arrive ?…  Je… Ooooh, dit le Chat…  Je rêve… Il y a des hommes qui n’ont pas de visage…  Et d’autres ont un visage, mais ils ont tous le même…  Et ceux qui ont un visage vont et viennent, ils semblent se parler mais je n’entends pas un bruit alors que leurs lèvres bougent…  D’ailleurs, ici, il n’y a aucun bruit, rien, pas un chant d’oiseau, pas un rire…  J’ai l’impression d’être entouré d’ouate…

– Et oui, dit le Chien. »

Et ils restent silencieux un bon moment.  Les hommes s’agitent, mais on n’entend absolument rien…

« – Voilà pourquoi les hommes sont si tristes !  Ceux qui n’ont pas de visage sont ceux  à qui on a arraché le nom d’homme et ceux qui ont tous le même visage sont ceux qui sans cesse courent après leur image…  Tous, ils doivent retrouver le secret du visage…

– Comment cela ?

– Quand on regarde vraiment un visage, quand on échange un vrai regard, on se sent transformé, on se sent responsable…

– Comme le Petit Prince qui est responsable de sa rose ?

– Oui, comme le Petit Prince avec le renard ou la rose… »

          => Proposition de l’activité 1 avec le ballon

« – Mais, dis-moi, pourquoi ce silence alors qu’ils ont l’air de se parler ?  Ce silence ressemble à un de ces tissus humides qui quelquefois pèse sur les épaules des voyageurs…

– Je ne sais pas, dit le Chien.  Promenons-nous un peu, nous trouverons peut-être la réponse à ta question. »

Le Chien et le Chat se taisent à nouveau.  Ils se promènent parmi les hommes qui continuent à s’agiter et à se parler.

Tout à coup, le Chien et le Chat dressent les oreilles :

« – Ecoute !  De la musique !

– Oui, c’est du violoncelle !

– Oooh, regarde là à droite de la petite barrière grise, un homme joue…  Il joue une musique que mon maître aime, de la musique de Bach…  Mais… regarde, il a une tête, un visage, des mains, mais pas de corps !  Quel étrange pays : certains n’ont pas de visage et d’autres n’ont pas de corps…

– N’aie pas peur.  Il y a beaucoup de choses étranges de ce côté-ci du monde. »

Le Chien et le Chat s’approchent.  L’homme les aperçoit et se concentre sur son instrument.  Sa musique s’élance, vibre, descend en arabesques légères, repart plus haut, balance, respire, caresse et puis se pose gravement très bas, tout bas…  L’homme termine son morceau…  Silence…

«- Magnifique !  Superbe !

– Il y a longtemps que je n’ai plus joué comme cela, dit l’homme.

– Pourquoi dites-vous cela ?

– Parce-que vous êtes les premiers à m’écouter depuis bien longtemps.

– Mais pourquoi n’écoutent-ils pas ta musique et pourquoi ne les entend-on pas parler entre eux ?

– Parce qu’ils ont oublié le silence, le silence qu’on a dans le cœur qui est comme une musique et qui permet d’entendre la musique…  Ils ont oublié qu’il y a des mots sous les mots et que dans certains cailloux, il y a une harpe…

– Et il n’y a que toi qui sache tout cela ?

– Non, dit l’homme.  Tous les hommes n’ont pas perdu le silence. »

Mais l’homme et son violoncelle s’effacent doucement…

« Etrange, dit le Chat.  Je me souviendrai longtemps de ce moment. »

          => Proposition de l’activité 2

Le Chien se secoue et il dit :

« – Si on jouait ?

– Oh oui, dit le Chat. »

Et ils jouent au chastelet, au passe-dix, à la courte boule, au nicnoque, à la tartelette, à je te pince sans rire… Mais le Chien est très distrait, il saute si haut que… catastrophe !  Il accroche un vase, enfin LE vase, celui auquel ses maîtres tiennent tant. Le soir, quand ils rentrent, les maîtres sont furieux !

«-  Comment est-ce possible ?

– C’est sûrement le Chat, à une pareille hauteur !  Le Chien n’est pas capable de sauter si haut. Heureusement pour lui d’ailleurs parce que moi, j’en ai assez de ses bêtises…

Pourtant le Chat ne fait jamais ce genre de gaffes… »

Ils punissent le Chat.  Légèrement, malgré leur colère.  Et le Chat ne dit rien.

«- Je te demande pardon, dit le Chien.  Sans ton silence, j’aurais reçu une fameuse raclée…  Ils m’auraient peut-être conduit à la SPA.

– Je te pardonne, dit le Chat.

– Alors, on peut maintenant être amis en on ne se dispute plus…

– Oui, dit le Chat.  On ne se dispute plus…

– C’est drôle, tout à l’heure, tu ne voulais pas, et maintenant tu es d’accord…

– Parce que j’ai pu, moi aussi, te donner quelque chose, dit le Chat »

Le soir tombe doucement.  Il y a dans l’air tout parfumé d’étoiles quelque chose de vif et de jeune.

«-  Le monde change un peu ce soir, dit le Chien.

– C’est vrai, dit le Chat…  Oh, le Chien, as-tu vu cette étoile ?

– Tiens oui, elle n’était pas là hier.

– C’est une de ces étoiles qui conduisent les hommes…  Regarde, elle avance !… »

          => Proposition de l’activité 3

L’activité peut se terminer par un chant.

Exemple : Viens mélanger tes couleurs.

Faire le lien avec un texte biblique

Ayez de l’affection les uns pour les autres (Lettres aux Romains, 12, 9-18)